Interview alumni : David DA SILVA, designer graphique et webdesigner.

“Je me suis réveillé un matin et j’ai su que le droit n’était pas pour moi.” C’est avec cette révélation que David DA SILVA a radicalement changé de voie pour se tourner vers le graphisme. Aujourd’hui designer dans le secteur de la cosmétique, il partage son parcours, ses défis, et ses conseils pour celles et ceux qui rêvent d’un métier créatif.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle David DA SILVA et je suis diplômé de l’école Autograf depuis 2013. J’ai suivi un BTS Communication Visuelle, option graphisme, édition, publicité, que j’ai complété avec un Bachelor.
Aujourd’hui, je suis designer graphique et webdesigner. J’ai d’abord travaillé pendant près de neuf ans dans une entreprise spécialisée dans la vente de mobilier et de fournitures de bureau. Ensuite, j’ai décidé de changer de cadre de vie, et je me suis installé dans le sud de la France. Depuis maintenant trois ans, je travaille pour une marque de cosmétiques et de produits alimentaires qui s’appelle Lashilé Beauty.
Quelles sont vos missions ? Avez-vous une journée type ?
Dans le design graphique, il est assez rare d’avoir des journées qui se ressemblent. Mais si je devais donner une idée d’une semaine type, je dirais que je jongle constamment entre différents supports de communication et objectifs.
Je travaille beaucoup sur des projets de packaging : je crée les emballages des produits, de la réception du gabarit jusqu’à la version finale envoyée à l’imprimeur. Cela demande une attention particulière aux contraintes techniques : marges, fond perdu, couleurs Pantone, rendu à l’impression…
Je conçois aussi des supports de communication pour le web : bannières, newsletters, visuels pour les réseaux sociaux. Il m’arrive même de produire de la vidéo, quand l’occasion se présente. Mon métier est de plus en plus transversal : aujourd’hui, on attend d’un designer qu’il sache aussi bien travailler pour le print que pour le digital.
Par exemple, une journée peut commencer par la création d’un packaging pour un nouveau produit, puis se poursuivre par des visuels web pour une campagne promotionnelle ou l’habillage d’un site. Ce que j’aime, c’est justement cette diversité, ce rythme où l’on ne s’ennuie jamais.
Quelles sont les qualités essentielles pour être un bon designer graphique ?
Je pense que la qualité numéro un, c’est la rigueur. Bien avant la créativité, qui reste évidemment indispensable, mais qui vient selon moi en deuxième ou troisième position.
Quand on travaille sur un fichier destiné à l’impression ou à la publication web, il faut être irréprochable : respecter les chartes graphiques, les contraintes techniques, vérifier la résolution des images, s’assurer qu’il n’y a aucune faute de frappe, bien aligner les éléments... Une simple erreur peut compromettre tout un projet. On est souvent la dernière personne à toucher le fichier avant qu’il parte à l’impression ou en ligne, donc on a une vraie responsabilité.
Ensuite, je dirais que la créativité et la curiosité sont également des qualités essentielles. Être curieux permet de nourrir son inspiration, de découvrir de nouvelles techniques, de rester à jour sur les tendances. Et cette curiosité nourrit naturellement la créativité. Les deux sont intimement liées et permettent de proposer des idées nouvelles et pertinentes.
Comment avez-vous acquis cette rigueur ?
Je dirais que c’est quelque chose qui vient autant du caractère que de l’expérience.
Personnellement, j’ai toujours eu un goût pour les choses bien faites, abouties, soignées. Même dans ma vie quotidienne, j’aime que ce soit propre, organisé, précis. Quand on exerce un métier-passion, cette exigence personnelle se retrouve naturellement dans notre manière de travailler.
Avec le temps, on apprend aussi de ses erreurs. Une impression ratée, un client mécontent, un détail qu’on a oublié… ça forge. Et puis à force de livrer des projets, on développe des automatismes, des méthodes de relecture, des checklists mentales. C’est un processus qui se construit et qui s’entretient.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
C’est un moment que je n’oublierai jamais. J’étais en deuxième année de droit, et un matin, en me rendant à l’université, j’ai eu une sorte de révélation. Je me suis dit très clairement : “Ce n’est pas ça que je veux faire de ma vie.”
Ce que je voulais vraiment, c’était faire quelque chose de visuel, qui touche à l’art, au papier, à la couleur, au dessin. Le graphisme s’est imposé à moi comme une évidence.
Ce qui m’a tout de suite plu dans cette discipline, c’est le fait qu’elle allie la création artistique à des objectifs concrets, notamment commerciaux. Mon métier consiste à transmettre un message à travers des images, de la typographie, des couleurs. Et à la fin, le but, c’est de vendre, de communiquer, d’influencer une perception. J’ai trouvé ça passionnant.
Quel est le plus grand challenge dans votre métier aujourd’hui ?
Le plus grand défi au quotidien, c’est de se renouveler. On a tous, en tant que créatif, un style personnel. Personnellement , j’aime les mises en page très épurées, avec beaucoup de blanc tournant, des compositions sobres, élégantes. Mais il faut savoir sortir de sa zone de confort, s’adapter à des styles variés, répondre à des briefs très différents. Sinon, on tourne vite en rond.
Réussir à proposer des choses nouvelles, fraîches, originales tout en respectant les attentes du client, c’est vraiment ce qui demande le plus d’effort. Et c’est ce qui rend ce métier aussi stimulant.
Utilisez-vous l’intelligence artificielle dans votre travail ?
Aujourd’hui, il est presque impossible de ne pas l’intégrer.
Je l’utilise au quotidien via les nouvelles fonctionnalités des logiciels comme Photoshop, mais aussi à travers des outils plus spécialisés. Par exemple, dans mon entreprise, nous avons un compte ChatGPT Pro, qu’on utilise régulièrement pour générer des textes ou des idées visuelles.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’IA ne fait pas mon travail à ma place. Elle ne remplace pas ma créativité, ni mon sens du détail. En revanche, elle me fait gagner un temps précieux. Elle me permet de tester des pistes, de générer des versions multiples rapidement.
Mais dans mon secteur, notamment la beauté et le luxe, le niveau d’exigence est très élevé. Donc même quand une image est générée par IA, il y a toujours un gros travail de retouche derrière, pour la rendre parfaitement exploitable.
Pourquoi avoir choisi l’école Autograf ?
Ce qui m’a séduit chez Autograf, c’est qu’ils proposaient un BTS reconnu par l’État, ce qui était très important pour moi. Je ne voulais pas simplement obtenir un certificat privé : je voulais un diplôme officiel, avec une vraie valeur sur le marché du travail. Et Autograf offrait exactement ça.
Quel est votre meilleur souvenir de vos études à Autograf ?
Je me souviens d’un atelier que nous avons fait autour de l’opéra. Il s’appelait Maîtres de l’art lyrique. Nous avions travaillé plusieurs jours sur des affiches, encadrés par un intervenant externe. Le projet était de concevoir une affiche pour une œuvre de Richard Wagner. C’était un moment très créatif, très intense, et j’en garde un super souvenir. Je me rappelle encore très bien de l’affiche que j’avais réalisée à l’époque.
Quel conseil donneriez-vous à un·e jeune qui souhaite se lancer dans ce métier ?
Mon principal conseil, ce serait de ne jamais négliger les bases.
La typographie, les familles de polices, les couleurs, les règles de composition, les pantones, la résolution d’image, les contraintes techniques liées au print ou au web... Ce sont toutes ces choses qui forment le socle d’un bon designer.
Aujourd’hui encore, je me sers tous les jours de ce que j’ai appris en cours. Cela devient des réflexes, des automatismes. Et c’est ce bagage technique qui fait souvent la différence entre deux profils : quelqu’un de très créatif mais peu rigoureux, et quelqu’un de créatif et solide techniquement. C’est ce deuxième profil qui est le plus recherché.
