Charline BITU - architecte d’intérieur et designer signalétique

Charline BITU - architecte d’intérieur et designer signalétique

Charline est une jeune femme qui ne pensait pas se lancer dans le monde dans l’entrepreneuriat un jour. Et pourtant, elle a sauté le pas après plusieurs années d'expériences dans le domaine public et privé. Dans cette interview, elle vous livre son expérience en tant qu’architecte d’intérieur et de signaléticienne. Riche de conseils, elle vous explique tout dans son témoignage.

Comment es-tu devenue architecte d’intérieur et designer signalétique  ? 

Avant de créer mon entreprise, j’ai eu plusieurs expériences professionnelles. J’ai commencé à intégrer le marché du travail avec un contrat d’alternance dans le domaine de la signalétique pour des marchés publics. C’est un travail compliqué, car il y a des enjeux politiques derrière chaque projet.

J’ai par la suite rejoint une entreprise de signalétique de projet privé dans le monde de l'hôtellerie et du luxe. J’ai travaillé pendant 4 ans chez Alto, et j’étais en relation avec des décorateurs et architectes d’intérieur pour avoir une harmonie au sein des établissements.

Il faut savoir que les projets de signalétique sont des projets rapides à mettre en œuvre, environ 6 mois. J’ai donc eu la chance de travailler sur une multitude de projets durant mes 4 années de fonction. J’ai également eu la chance de former, une personne lors de mon expérience au sein d’Alto, car j’étais seule sur le développement des projets, ce qui demandait beaucoup d’énergie. 

“Devenir designer signalétique ne s’apprend pas à l’école, c’est un métier que l’on apprend sur le terrain.” 

J’ai ensuite décidé de quitter mon poste en demandant une rupture conventionnelle, pour commencer à développer mon projet d’entreprise en décembre 2020, afin de retrouver des projets liés à l’architecture d’intérieur. Je me suis posée beaucoup de questions sur ce que je voulais devenir, et quel était mon avenir professionnel.

J’ai commencé à créer mon entreprise avec l’aide de pôle emploi, qui me permettait de toucher des indemnités pendant mon début de création. Ils m’ont également aidé dans mes formations et dans la conception de mon business plan. C’est très important d’être suivi, car ils m’ont permis de m'orienter dans mes choix. Notamment avec les différents statuts juridiques qui peuvent exister. J’ai fini par choisir de monter une EIRL (entreprise individuelle à responsabilité limitée).

En quoi consiste ton quotidien d'architecte d’intérieur ? As-tu gardé cette casquette signalétique ? 

Mes missions actuelles correspondent à deux métiers distincts que j’exerce depuis la création de mon entreprise. 30% de mon travail est lié à la signalétique et 70%  à ma casquette d’architecte d’intérieur. 

Dans le métier d’architecte d'intérieur, j’accompagne mes clients dans la conception et la réalisation de leur cadre de vie. Et dans le métier de signaléticienne, je m’engage à analyser le milieu et les besoins des utilisateurs pour créer un parcours et une signalétique adaptée.

Actuellement, j’ai encore du mal à me verser un salaire, car comme toute entreprise, j’ai 45% de charges. Lorsque j’ai commencé à monter mon entreprise, j’ai quitté la ville de Paris pour aller m’installer à Bordeaux, et avoir une ville qui est à échelle humaine.

Comment se déroule un projet type ? 

Un projet se déroule généralement en  3 étapes.

La première phase : l’esquisse

Il s’agit de créer un moodboard qui correspond au mode de vie et aux goûts des clients avec différentes couleurs et matériaux qui seront potentiellement utilisés dans le projet final une fois la validation du client. C’est une étape qui demande d’être à l’écoute du client et de sa façon de vivre. Cette étape demande en quelque sorte d’avoir une approche psychologique pour aborder les besoins et les attentes des clients.

La seconde phase : Avant Projet Sommaire (APS)

Il s’agit de prendre en compte les 2 axes choisis par le client afin de réaliser une première création 3D. Cette étape est encore considérée comme concept, mais je déborde souvent sur l’étape suivante (APD) pour montrer que le projet est réalisable. 

La troisième phase : Avant Projet Définitif (APD)

Cette étape consiste à créer un projet final avec les 2 maquettes précédentes pour ne réaliser qu’un seul projet 3D plus développé avec les mesures et le prix de la réalisation du projet. Cette création est faite sous plusieurs vues afin d’aider le client à se projeter. Cette dernière étape peut être assez rapide si les besoins du client ont bien été cernés lors de l’étude et qu’il ne nécessite que très peu de changement. Mais c’est aussi là que se situe un risque de tout devoir revoir..

Enfin la quatrième phase qui est facultative : Le suivi client sur les chantiers. Ici c’est le client qui décide s’il souhaite nous déléguer ce suivi de chantier ou s’il préfère le faire lui-même.

Quelle est la plus grande difficulté dans ton métier ?

La plus grande problématique à mon échelle, est de trouver des clients. Je suis assez à l’aise dans mon domaine, mais je ne suis ni artisan, ni électricien ou encore plombier. Je n’ai pas d’équipe d’artisans qui me suivent pour tous mes projets, c’est sûrement quelque chose qui arrivera dans le futur, mais pour le moment je me charge de vérifier que le projet est réalisable et ensuite je fais appel à des professionnels.

Qu’est-ce qui te motive chaque jour ? Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier ? 

Ce qui me motive, c’est que j’ai 3 métiers en 1 !

En tant que signaléticienne, je me sens utile du fait que j’aide les usagers à passer d’un point A à un point B. Personnellement, avant d’habiter à Bordeaux, j’ai connu la ville lors d’un projet entre les 4 campus où il fallait mettre en place une signalétique commune. 

Ce métier est essentiel, grâce à la signalétique les usagers ne sont pas censés se perdre si le travail a bien été réalisé. J'ai vraiment l'impression d’aider les personnes à mon échelle en faisant ça !

Ensuite dans le métier d’architecte d’intérieur auprès des particuliers, ce que j’aime, c’est le fait d’accompagner mes clients dans leur projet de vie et d’apprendre constamment à cerner leurs attentes.

Enfin le dernier aspect, c’est le métier d’entrepreneur. J’ai appris beaucoup de choses par moi-même, je suis autonome dans la création de mes projets et je peux choisir mes contraintes. Ce que j’aime dans l’entrepreneuriat, c’est de pouvoir être polyvalente et toucher à tout. Mon métier est une réelle passion, je vis boulot et je parle boulot tout le temps. Chaque mission est super intéressante, même quand je fais ma comptabilité, je trouve ça chouette !

Et même si je fais parfois des semaines de 80h je me sens beaucoup plus  épanouie que lorsque j’étais employée.


Quel est ton parcours académique pour accéder à ce métier ?

J’ai commencé par faire une année préparatoire en Arts Appliqués à l’ATEP LECONTE en 2007. Suite à cela, j’ai rejoint l’école Hourdé, qui est une école supérieure des Arts et Techniques ESAT pour faire une formation en architecture d'intérieur et scénographie. Enfin, pour finir sur un master d’architecte d’intérieur, j’ai rejoint l’école Autograf.

Pourquoi avoir intégré Autograf ? 

J’ai rejoint cet établissement car une copine avait postulé pour la même formation et que je voulais monter en compétences en validant un master. A ce moment de ma vie, je ne me sentais pas prête à me lancer dans le monde professionnel, c’est pourquoi j’ai privilégié l’alternance.

Comment se sont déroulées tes années à Autograf ?

Mes deux années au sein d’Autograf se sont très bien passées. Nous avons eu de très bons professeurs qui nous ont accompagnés tout au long de notre scolarité, qui s’est faite en alternance. Il faut dire que mes professeurs m'ont particulièrement suivi puisque j’ai eu quelques problèmes personnels, mais grâce à eux et leur écoute, j’ai pu valider mon diplôme.

Le fait de poursuivre mes études en alternance m’a permis de gagner en maturité. Je peux confirmer que nous voyons la différence entre les élèves qui ont déjà fait de l’alternance avant le master. Ils ont une meilleure approche du monde professionnel et ils sont plein de conseils par leur connaissance du terrain.

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui veulent se lancer ? 

Des conseils je pourrais en donner plein, car c’est avec la maturité et le temps passé dans le monde professionnel que l'on se rend compte de la réalité. Moi-même, je n'écoutais pas forcément les conseils que l’on me donnait étant jeunes, mais les alumni sont de bonnes sources pour vous accompagner.

Mes 5 conseils dédiés aux étudiants seraient : 

  • Faire de l'alternance dès que possible pour avoir une meilleure approche de la réalité et du terrain

  • Croire en ses projets et se faire confiance !

  • Travailler ! Cela peut sembler tout simple, mais le travail vous apporte des connaissances, et des preuves de vos compétences pour ensuite faire les projets que vous souhaitez et être recommandé par vos clients. Le travail vous apportera des choix.

  • Choisir ses projets en fonction de ses valeurs. C’est une erreur que j’ai pu faire au début, de ne pas sélectionner mes projets en fonction de mes valeurs ce qui engendre un manque d'épanouissement au travail.

  • Être consciencieux, tous les détails comptes.

J’aurai d’autres conseils, qui eux sont plus axés sur les candidatures des étudiants pour un stage ou une alternance : Gardez une barrière professionnelle dans vos échanges. J’ai des étudiants qui me contactent sur Instagram pour un stage, sans aucune forme de politesse. 

  • Utilisez les bons outils : LinkedIn, email ou téléphone (pas instagram)

  • N’oubliez pas les formules de politesse

  • Restez vous-même

Enfin, mon conseil à ceux qui souhaitent monter leur entreprise et se mettre à leur compte : Préparez des outils à l'avance, pendant que vous êtes encore en études. Il y aura une période où vous ne gagnerez pas d’argent, alors anticipez vos démarches. 

  • Créez votre site internet 

  • Faites votre business plan

  • Posez des questions à votre réseau et entourage

  • Soyez proactif !

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